"Je suis comme je suis et soit on m'accepte comme ça, soit tant pis."
Cette phrase, devenue un véritable mantra pour beaucoup, résonne particulièrement fort dans notre société contemporaine où l'authenticité et l'acceptation de soi sont valorisées.
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"Je suis comme je suis et soit on m'accepte comme ça, soit tant pis." Cette phrase, devenue un véritable mantra pour beaucoup, résonne particulièrement fort dans notre société contemporaine où l'authenticité et l'acceptation de soi sont valorisées. Mais derrière cette affirmation d'apparence libératrice se cachent des nuances complexes, notamment pour les personnes portant diverses "étiquettes" comme le haut potentiel (HP), le trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH), l'hypersensibilité et bien d'autres profils atypiques.
L'émergence des étiquettes : une identité moderne complexe
Dans un monde où les diagnostics psychologiques se multiplient et se démocratisent, beaucoup trouvent dans ces étiquettes une explication à leurs différences. Que ce soit HPI (Haut Potentiel Intellectuel), TDAH (Trouble Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité), hypersensible, "zèbre", TSA (Trouble du Spectre de l'Autisme), neuroatypique, ou encore les étiquettes liées à la santé mentale comme anxieux, dépressif ou bipolaire, ces termes peuvent soudainement donner du sens à des années d'incompréhension.
La découverte de son profil peut toucher des domaines variés : les difficultés scolaires trouvent une explication dans le TDAH, le sentiment de décalage social dans l'étiquette "zèbre" ou Asperger, la submersion émotionnelle dans l'hypersensibilité, ou encore l'épuisement social dans l'introversion. Ces termes deviennent alors des boucliers protecteurs, des justifications face aux regards interrogateurs de la société.
Pour la personne concernée, découvrir son profil peut être profondément libérateur. Enfin, ses particularités ont un nom, une explication. Elle n'est plus "bizarre" ou "difficile", elle est simplement différente, neuroatypique, hautement sensible ou encore "douée" d'un haut potentiel émotionnel. Cette prise de conscience peut conduire naturellement à l'adoption du discours "je suis comme je suis".
Les aspects positifs de cette philosophie
Cette approche présente indéniablement des bénéfices. D'abord, elle favorise l'acceptation de soi, pilier fondamental de la santé mentale. Plutôt que de lutter en permanence contre sa nature profonde, la personne apprend à composer avec ses particularités, à les reconnaître comme faisant partie intégrante de son identité.
Cette philosophie constitue également une protection contre les jugements extérieurs. Face aux critiques ou aux incompréhensions, elle offre une réponse claire et assumée. Elle permet de poser des limites saines dans les relations et de ne plus chercher à plaire à tout prix.
Pour les personnes portant diverses étiquettes - qu'elles soient neuroatypiques, hypersensibles, introverties, ou vivant avec des troubles anxieux - cette approche peut être particulièrement salvatrice. Elle leur évite l'épuisement du "masquage" social, cette tendance à dissimuler leurs particularités pour s'intégrer, au prix d'une fatigue psychologique considérable. L'anxieux peut enfin admettre ses besoins de sécurité, le bipolaire peut reconnaître ses phases sans culpabilité, et l'autiste peut cesser de forcer des interactions sociales épuisantes.
Les limites et les dangers de l'immobilisme
Cependant, cette philosophie du "je suis comme je suis" peut devenir problématique lorsqu'elle se transforme en rigidité. L'acceptation de soi ne devrait pas empêcher la croissance personnelle ou l'adaptation sociale. Or, certaines personnes utilisent leur étiquette comme un frein à tout changement, justifiant leurs comportements les plus problématiques par leur profil. Le TDAH devient une excuse pour l'impulsivité systématique, l'hypersensibilité pour les réactions disproportionnées, l'introversion pour l'évitement social total, ou l'anxiété pour l'immobilisme face aux défis.
Le risque principal réside dans la stagnation. Le développement personnel implique nécessairement des ajustements, des apprentissages, des remises en question. Se retrancher derrière un "c'est comme ça que je suis" peut bloquer cette évolution naturelle. La personne peut ainsi rester enfermée dans des schémas dysfonctionnels, persuadée qu'elle ne peut pas changer, que son étiquette la définit entièrement et limite ses possibilités d'évolution.
L'impact sur les relations interpersonnelles
Dans le domaine relationnel, cette attitude peut créer des tensions importantes. Si l'authenticité est précieuse, les relations humaines nécessitent aussi des compromis, de l'empathie et une capacité d'adaptation mutuelle. Une personne qui refuse catégoriquement tout ajustement de son comportement peut rapidement se retrouver isolée.
Les proches peuvent se sentir démunis face à quelqu'un qui refuse de considérer l'impact de ses actions sur autrui. Dans le couple, en famille ou au travail, cette rigidité peut générer frustrations et conflits récurrents. L'étiquette devient alors un mur plutôt qu'un pont vers la compréhension mutuelle. L'hypersensible peut rejeter toute critique constructive, la personne à haut potentiel peut justifier son manque d'empathie, ou encore l'introverti peut éviter toute responsabilité sociale.
Comprendre les mécanismes : réactions automatiques et pistes de changement
Pour mieux saisir l'impact de ces étiquettes sur nos relations, il est utile d'analyser les réactions automatiques qu'elles peuvent générer, leurs conséquences relationnelles et les possibilités d'évolution.
Vers un équilibre : acceptation et évolution
La clé réside dans l'équilibre entre acceptation et croissance. Reconnaître ses particularités - qu'elles soient neurologiques, émotionnelles ou comportementales - ne devrait pas empêcher de développer des stratégies d'adaptation ou de travailler sur certains aspects de sa personnalité. Un diagnostic ou une étiquette n'est pas une sentence, mais un point de départ pour mieux se comprendre et mieux vivre avec les autres.
Il est possible d'accepter profondément qui on est tout en restant ouvert au changement dans certains domaines. Cette nuance est essentielle pour maintenir des relations saines et continuer à évoluer en tant qu'individu. Comme le montre le tableau ci-dessus, chaque étiquette peut être accompagnée de stratégies concrètes qui respectent nos particularités tout en améliorant nos relations.
Au-delà des étiquettes
En fin de compte, nous avons tous des étiquettes, visibles ou invisibles, officielles ou non. Nous sommes tous uniques dans notre façon de percevoir le monde et d'y réagir. Il est bon de relever la tête et d'arrêter de se cacher derrière ces étiquettes, qu'elles soient neurologiques, sociales ou culturelles.
Gardons à l'esprit que ce n'est pas aux autres d'effectuer les efforts que nous ne voulons pas faire nous-mêmes - tout changement commence par soi et par notre capacité à accepter notre responsabilité. Car c'est dans l'acceptation de notre complexité commune et dans notre capacité à grandir ensemble que réside la véritable richesse de l'expérience
humaine.Avec tendresse, Fanny Huleux